Entre 2021 et 2022, l’écosystème startup a connu une période d’euphorie, marquée par des valorisations élevées. Les taux d’intérêt historiquement bas et l’abondance de capitaux ont conduit à des levées de fonds spectaculaires, souvent déconnectées des fondamentaux économiques des entreprises.
Une croissance artificielle
Cette manne financière a permis à de nombreuses startups d’accélérer leur développement. Cependant, beaucoup ont adopté une stratégie de croissance à tout prix, embauchant massivement sans structurer leurs équipes, investissant en marketing sans mesurer le retour sur investissement, et négligeant la gestion rigoureuse de leur trésorerie. L’idée prédominante était que de nouvelles levées de fonds viendraient combler les déficits.
Le retour à la réalité
Avec la remontée des taux d’intérêt et la prudence accrue des investisseurs, le financement s’est raréfié. De nombreuses startups se sont retrouvées en difficulté, incapables de lever des fonds à des valorisations aussi élevées qu’auparavant. Les « down rounds », où les entreprises lèvent des fonds à une valorisation inférieure à la précédente, sont devenus monnaie courante. Selon PitchBook, près de 30 % des transactions en capital-risque étaient des « down rounds » ou des tours plats au premier semestre 2024 (pitchbook.com).
Des tables de capitalisation déséquilibrées
Un autre problème majeur réside dans les tables de capitalisation déséquilibrées. Selon une étude de Sifted, les fondateurs européens détiennent en moyenne 38,65 % de leur entreprise au stade pré-seed, 27,18 % au seed, et seulement 18,52 % en série A . Cette dilution rapide peut décourager les fondateurs et compliquer l’attraction de nouveaux investisseurs, qui s’inquiètent de l’engagement des équipes dirigeantes.
Notre constat
Depuis le début de l’année, nous avons rencontré plus de 400 startups. Parmi les 50 que nous avons le plus appréciées, un tiers présentait des valorisations que nous jugeons excessives par rapport à leur maturité et à leur marché. Et pourtant, ce sont des entreprises prometteuses, avec des équipes solides et des produits pertinents. Mais ces valorisations trop élevées constituent pour nous un frein à l’investissement.
Nos recommandations
Anticiper : les startups doivent revoir leur table de capitalisation en amont, en collaboration avec leurs investisseurs historiques, pour éviter les situations bloquantes.
Éviter les « down rounds » : en seed, il est crucial de structurer des tours de table raisonnables pour prévenir les conflits et maintenir l’engagement des investisseurs.
Privilégier la durabilité : plutôt que de viser des valorisations élevées, il est préférable de construire une croissance solide et maîtrisée, gage de succès à long terme.
Les levées de fonds en seront d’autant plus simples, fluides et rapides !